Thérapies en ophtalmologie :

où en est-on ?

Les origines des maladies touchant la vision sont variées. Elles peuvent être dues à l’hérédité, au vieillissement et certaines complications du diabète qui peuvent affecter l’œil. Face à un enjeu de santé publique majeur qu’il est urgent d’appréhender, les chercheurs développent des thérapies innovantes pour prévenir et restaurer la vision. Différentes stratégies sont envisagées et elles dépendent du stade d’avancement de la maladie. Quelles sont-elles ?

Lorsque la maladie n’est pas trop avancée

  • La thérapie génique : remplacer et corriger les gènes défectueux

L’objectif de la thérapie génique est d’introduire du matériel génétique fonctionnel dans les cellules du patient, là où sa fonction est requise.  Elle est utilisée pour obtenir une protéine manquante ou non valide afin de déjouer la maladie. L’œil est un organe idéal pour la thérapie génique. En effet, Il est de petite taille et il est isolé du reste de l’organisme par la barrière hémato-rétinienne.

recherche scientifique

En ophtalmologie :

  • Le Luxturna® (1) est une thérapie qui a été validée pour une forme de l’amaurose congénitale de Leber liée à une mutation du gène RPE 65. Ce médicament est disponible en France depuis avril 2019.
  • Le Lumevocq® (2), autre thérapie génique, destinée pour les patients souffrant de neuropathie optique héréditaire de Leber. Elle bénéficie actuellement d’une ATU (Autorisation Temporaire d’Utilisation) au CHNO des quinze-vingts à Paris. Néanmoins, des retards de production actuelle amène la biotech à envisager des premiers lots pour seulement 2023.
  • D’autres thérapies géniques sont en cours d’étude pour des maladies rares de la rétine et aussi pour la dégénérescence liée à l’âge (DMLA) qui touche les adultes de plus de 50 ans.
  • La neuroprotection : protéger les cellules rétiniennes

Les stratégies neuroprotectrices visent à ralentir voire bloquer la dégénérescence au niveau de la rétine. Cette approche est très intéressante car elle peut être appliquée sur un ensemble de maladies oculaires et indépendantes de l’étiologie de la maladie. De nombreux agents neuroprotecteurs d’origine pharmacologique ou protéique ont démontré différents degrés d’efficacité.

A titre d’exemple : Le CNTF et le RdCVF, sont des neuroprotecteurs protéiques qui sont utilisés actuellement lors de recherche en laboratoire afin d’empêcher la dégénérescence des photorécepteurs dans le cas des rétinopathies pigmentaires.

test laboratoire

Lorsque la maladie est très avancée

  • L’optogénetique : activer des cellules de rétine pour les rendre sensibles à la lumière

L’optogénétique permet de rendre les neurones sensibles à la lumière. Cette approche innovante a permis de restaurer partiellement la vision chez un patient de 58 ans atteint de rétinopathie pigmentaire à un stade très avancé. L’innovation technologique (3) réside à introduire un gène codant pour une protéine d’algue par thérapie génique dans certaines cellules (cellules ganglionnaires ) de la rétine. Cette stratégie permet de contourner les photorécepteurs endommagés et d’utiliser ces cellules qui restent présentes dans la rétine. Ces cellules vont produire par la suite des protéines sensibles à la lumière et le patient à l’aide de lunette adaptée peut discerner certaines formes et attraper des objets.

recherche scientifique
  • La thérapie cellulaire : créer de nouvelles cellules pour la rétine

La thérapie cellulaire constitue une autre alternative thérapeutique pour les rétinopathies pigmentaires avancées. Les chercheurs utilisent la transplantation de cellules rétiniennes dérivées de cellules souches pluripotentes ou de cellules embryonnaires. En France, un essai clinique (4) a été lancé par une équipe de I-Stem et de l’Institut de la Vision en greffant un « patch « obtenu à partir de cellules souches embryonnaires humaines pour des patients atteints de rétinite pigmentaire. Un premier essai clinique sur quelques patients a permis de vérifier l’innocuité du greffon. Cette étude ouvre la voie d’un traitement pour des rétinites pigmentaires d’origine génétique mais aussi de maladies dégénératives de la rétine très fréquentes comme certaines formes de Dégénérescence Maculaire Liée à l’Âge (DMLA).

En résumé

Les progrès de la recherche en ophtalmologie se font à grands pas, dessinant les thérapies actuelles et de demain. Retina France soutient l’ensemble des programmes de recherche en ophtalmologie dans le seul but est d’améliorer le quotidien des patients souffrant de déficience visuelle.

Sources
1- Le Luxturna® est une thérapie génique qui a été développée par la société Spark Thérapeutic commercialisée par la société Norvatis actuellement. Elle est destinée d’une forme d’amaurose congénitale de Leber qui développe une perte progressive de la vision débutant souvent au cours de la petite enfance et finit par aboutir à une cécité complète.

2- GenSight Biologics, une start-up issue de l’Institut de la vision, a mis au point et réalisé le développement clinique de cette thérapie. Celle-ci est utilisée pour des personnes atteintes de neuropathie optique héréditaire de Leber qui perdent la vue dès l’adolescence avec un déclin soudain au niveau des deux yeux.

3- L’optogénétique est une  technique révolutionnaire qui associe les Professeurs José-Alain Sahel et Botond Roska, avec l’Institut de la Vision (Sorbonne Université/Inserm/CNRS), l’hôpital d’ophtalmologie des Quinze-Vingts, l’université de Pittsburgh, l’Institut d’ophtalmologie moléculaire et clinique de Bâle ainsi que les sociétés Streetlab et GenSight Biologics. Un article a été publié  dans la revue prestigieuse Nature Medicine Mai 2021

4- Premier essai clinique de thérapie cellulaire en France débuté en 2019, regroupant les équipes du Pr. Monville à I-Stem, Evry et du Dr. Goureau à Institut de la Vision, Paris sous la responsabilité du Professeur José Alain Sahel.

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