Le diagnostic génétique en ophtalmologie
Le diagnostic génétique en ophtalmologie consiste à identifier les anomalies génétiques, appelées mutations ou variants, responsables des troubles de la vision des patients.
Le laboratoire hospitalier de diagnostic génétique du Dr Claire-Marie Dhaenens à Lille est un laboratoire qui reçoit des demandes d’analyses pour des patients de la France entière. Son objectif est d’identifier des défauts géniques associés aux rétinopathies. L’association Retina France soutient cette équipe pour la mise en place des tests fonctionnels visant à confirmer l’effet des anomalies génétiques identifiées chez les patients.
Rencontre…
Dr Claire-Marie Dhaenens
Université de Lille, Inserm UMR-S1172,
CHU-Lille
Comment les maladies de la vue sont-elles diagnostiquées ?
A partir de quel âge peut-on être atteint ?
Ces maladies surviennent à tous les âges de la vie. Les formes les plus sévères sont observées chez le jeune enfant, et les formes les plus modérées sont celles débutant tardivement. Le diagnostic est d’abord clinique. Suite aux premiers signes de baisse de la vision, une consultation auprès d’un ophtalmologiste spécialisé, exerçant le plus souvent dans un Centre de Compétence ou de Référence des maladies oculaires rares, permet d’affiner le diagnostic. C’est le diagnostic génétique, réalisé dans un second temps, qui confirmera la pathologie par l’identification du gène porteur d’une anomalie.
A NOTER
Cellules responsables de la vision et la conséquence de leur disparition :
Les photorécepteurs de type cônes sont responsables de la vision de jour. Ils assurent une vision des détails et la vision des couleurs. Ils sont majoritairement situés au centre de la rétine, appelé macula. Les photorécepteurs bâtonnets sont eux localisés en périphérie de la rétine et sont responsables de la vision dans les ambiances sombres et la vision nocturne. Lorsque des anomalies génétiques altèrent le fonctionnement normal de ces photorécepteurs, soit ils deviennent inactifs soit ils dégénèrent progressivement. Les troubles de la vision peuvent alors toucher soit la vision centrale, si les cônes sont les premiers à être touchés, soit la vision nocturne et la vision périphérique, si ce sont les bâtonnets les premiers touchés. Dans certains cas, l’atteinte des photorécepteurs progressent et les deux types de cellules sont alors altérés.
Comment sont choisis les patients qui entrent dans vos études ?
Les patients entrant dans nos études sont ceux pour lesquels nous recevons une demande de diagnostic génétique et chez qui nous identifions un variant de signification indéterminée. Si cette mutation peut être explorée par nos tests fonctionnels, les patients sont recontactés par leur ophtalmologue et après une information détaillée et un temps de réflexion, des prélèvements complémentaires sont réalisés – soit une prise de sang, soit un prélèvement de peau – afin d’obtenir des cellules qui nous serviront à étudier l’effet de la mutation de signification indéterminée.
Pourquoi l’identification des mutations chez les patients est-elle une voie indispensable dans l’amélioration du diagnostic et dans l’identification de futurs traitements ?
L’identification des anomalies génétiques nous permet de savoir quel est le gène défaillant responsable de la pathologie des patients. Ceci nous aide également à bien caractériser les signes cliniques associés à tel ou tel gène ou tel ou tel variant pour ainsi mieux les repérer et raccourcir les délais de diagnostic. Mieux comprendre le fonctionnement de la rétine permet de mettre en place des thérapies adaptées, comme la thérapie génique, qui sert à apporter dans l’œil un gène sain qui va assurer la synthèse des éléments qui assureront la vision en lieu et place du gène défaillant. Le diagnostic est donc le premier pas vers la mise en place d’un traitement.
A NOTER
Combien de gènes sont impliqués dans les maladies de vue ?
Il existe près de 300 gènes impliqués dans les maladies de la rétine. Ils participent de près ou de loin aux mécanismes de la vision, au développement et à la maintenance des structures oculaires. On connait leur fonction dans un grand nombre de cas, mais il reste encore beaucoup de gènes dont on ignore le mode d’action.
La recherche médicale avance vite et elle bénéficie principalement des fonds récoltés par les associations. Qu’aimeriez-vous dire à nos donateurs ?
Grâce aux fonds récoltés par les associations, les équipes de recherche progressent dans la connaissance de ces maladies et ont déjà permis de mettre en place des traitements, comme par exemple Luxturna© pour le traitement de l’amaurose de Leber ou la thérapie génique de la neuropathie optique de Leber, bientôt sur le marché. Ces recherches, associées à un diagnostic plus rapide, plus exhaustif, et plus sûr, permettent d’améliorer la prise en charge des patients et de leurs familles. Je remercie sincèrement tous les donateurs pour leur confiance. Grâce au financement reçu de Retina France, nous avons pu mettre en place au laboratoire ces analyses fonctionnelles. Nous avons réalisé un grand nombre de tests fonctionnels et avons déjà prouvé l’implication de nombreux défauts géniques pour les patients analysés au laboratoire. Ces tests ont d’abord été initiés pour les dystrophies des cônes dans le cadre de ce projet, mais ils seront prochainement accessibles aux autres pathologies de la rétine analysée au laboratoire. Nos recherches se poursuivent par ailleurs vers d’autres développements complémentaires pour améliorer la connaissance sur ces gènes, des maladies associées et du fonctionnement de la rétine plus généralement. Ces fonds récoltés par les associations sont un appui fondamental pour le développement de nouvelles activités, qui ont pour but d’améliorer le parcours de soin des patients atteints de troubles visuels en France.
Equipe du Dr DHAENENS