Occlusion veineuse rétinienne : un “AVC de l’œil” à surveiller de près
L’occlusion veineuse rétinienne (OVR) est une pathologie oculaire fréquente et potentiellement grave, résultant de l’obstruction partielle ou complète des veines chargées d’évacuer le sang hors de la rétine. Lorsque ce drainage veineux est perturbé, le sang stagne, provoquant un épaississement de la rétine, des hémorragies et un manque d’oxygénation des tissus. Cela peut conduire, en l’absence de prise en charge rapide, à une perte importante de la vision.
En France, environ 20 000 personnes sont touchées chaque année, faisant de l’OVR la deuxième maladie vasculaire rétinienne la plus fréquente, après la rétinopathie diabétique. L’âge moyen des patients se situe entre 55 et 65 ans, mais d’autres facteurs de risque jouent un rôle essentiel dans sa survenue.
Les différentes formes d’OVR
La rétine est un tissu particulièrement exigeant en oxygène, dépendant d’un approvisionnement sanguin stable pour fonctionner correctement. Lorsque le retour veineux est bloqué, plusieurs tableaux cliniques peuvent apparaître, selon l’emplacement et l’étendue de l’occlusion :
- L’occlusion de la veine centrale de la rétine (OVCR)
Elle touche la veine principale permettant l’évacuation du sang. C’est la forme la plus sévère, car elle affecte l’ensemble de la rétine. Elle peut entraîner rapidement une baisse marquée de la vision. - L’occlusion de branche veineuse (OBVR)
Ici, seule une branche secondaire de la veine rétinienne est obstruée. Les dommages sont plus localisés et l’évolution souvent moins grave que dans l’OVCR, bien que des complications importantes puissent également survenir.
Origine et mécanismes
L’obstruction survient fréquemment lorsqu’un caillot sanguin (thrombus) se loge dans une zone étroite de la veine. Dans d’autres cas, l’artériosclérose joue un rôle majeur : une artère épaissie par la sclérose va comprimer une veine adjacente au point où elles se croisent, réduisant voire bloquant la circulation veineuse.
Cette obstruction entraîne :
- Une augmentation de la pression dans les veines oculaires,
- La survenue d’hémorragies rétiniennes,
- Des accumulations de liquide (œdèmes),
- Parfois la formation de néovaisseaux,
- Dans les cas extrêmes, des décollements de rétine.
Lorsque le liquide s’accumule au niveau de la macula, zone centrale responsable de la vision fine, on parle d’œdème maculaire, principale cause de perte visuelle durable.
Symptômes et évolution
L’OVR peut se manifester :
- Une baisse de vision soudaine ou progressive,
- Une vision floue,
- Un brouillard visuel,
- Déformations des lignes (métamorphopsies),
- Troubles de la perception des couleurs.
Les patients décrivent souvent une sensation de voile devant l’œil atteint et confondent parfois ce symptôme avec une cataracte débutante. Dans les formes sévères, non traitées, l’OVR peut conduire à une perte majeure de vision, parfois jusqu’à la cécité en quelques mois, ce qui lui vaut le nom d’« AVC oculaire ».
Facteurs de risque
Plusieurs éléments augmentent la probabilité de développer une occlusion veineuse rétinienne :
- Hypertension artérielle (le facteur le plus fréquent),
- Diabète,
- Hypertonie oculaire ou glaucome….
Ces facteurs peuvent augmenter les chances de développer une occlusion veineuse rétinienne, bien que la cause exacte de cette condition puisse varier d’un individu à l’autre.
Prise en charge et traitements
Le traitement dépend du type d’OVR, de sa sévérité et de la présence de complications, notamment comme l’œdème maculaire. Aujourd’hui, plusieurs approches peuvent être envisagées :
- Injections intra-vitréennes
Elles constituent le traitement de référence de l’œdème maculaire :
- Anti-VEGF : médicaments bloquant le facteur de croissance responsable de la perméabilité vasculaire et des néovaisseaux.
- Corticoïdes (injections ou implants) : réduisent l’inflammation et l’excès de liquide.
- Photocoagulation au laser
Technique utilisée depuis les années 1990, elle permet de traiter des zones très ischémiques (défaut d’oxygène dû à un défaut de circulation sanguine) ou les néovaisseaux afin de prévenir les hémorragies.
Surveillance renforcée
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Dans certaines formes non sévères, notamment les OBVR peu étendues, une observation régulière permet de suivre l’évolution avant d’initier un traitement.
En résumé
L’occlusion veineuse rétinienne est une maladie vasculaire oculaire sérieuse, dont la prise en charge rapide conditionne largement le pronostic visuel. Si certaines formes entraînent des séquelles irréversibles, les progrès des traitements, notamment par injections intra-vitréennes, permettent aujourd’hui de préserver ou d’améliorer la vision dans de nombreux cas. Pour les patients présentant des facteurs de risque tels que l’hypertension, le diabète ou le glaucome, une surveillance ophtalmologique régulière demeure indispensable afin de prévenir les complications et favoriser une détection précoce.

