Le syndrome d’Usher

Les rétinopathies pigmentaires regroupent un ensemble de maladies héréditaires, hétérogènes cliniquement et génétiquement, qui entraînent une perte progressive des cellules de la rétine. L’atteinte oculaire peut être isolée ou associée à d’autres pathologies comme dans le cas du syndrome de Usher.

Quels sont les premiers symptômes de cette maladie ? Comment se transmet-elle ? Où en est la recherche sur les traitements ? Le Dr Aziz El Amraoui de l’Institut de l’Audition, Institut Pasteur à Paris, nous éclaire sur le sujet.

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Interview du Dr Aziz EL AMRAOUI – Institut de l’Audition – Institut Pasteur – Paris

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Pouvez-vous nous définir le syndrome de Usher ? Comment la maladie se transmet-elle ?

Le syndrome de Usher est une maladie héréditaire qui touche à deux de nos sens, l’audition et la vision. C’est la première cause de maladie combinant surdité et cécité chez l’homme, avec une prévalence estimée entre 1-10 000 à 1/25 000 (400 000 patients dans le monde). Il est important de savoir que la surdi-cécité représente bien plus que la seule addition de la perte visuelle et d’une perte auditive, puisqu’il n’y a pas de possibilité de compensation efficace d’un sens par l’autre.

Le syndrome de Usher se transmet selon le mode récessif. Les deux parents peuvent donc être porteurs sans présenter la maladie. La maladie se manifeste seulement si deux copies atteintes du gène, celle du père et celle de la mère, sont transmises à la descendance.

Il existe différentes formes de syndrome de Usher, pouvez-vous nous en dire plus ?

Le syndrome de Usher se présente sous trois formes cliniques qui se distinguent par l’âge d’apparition des symptômes, la gravité de la surdité et de la cécité et la présence ou non de troubles de l’équilibre.

  • Le syndrome de Usher de type 1 (USH1) : Cette forme représente environ 40 % des cas, elle est la plus sévère. Elle présente notamment une surdité congénitale dès la naissance, bilatérale (des 2 oreilles), sévère à profonde. Des problèmes d’équilibre se manifestent chez l’enfant, retardent le maintien en position assise et l’acquisition de la marche. Pour la vision, la cécité nocturne est souvent le premier symptôme, elle est suivie par une altération de la vision sur les côtés et un rétrécissement du champ visuel (« vision tunnel »), qui progressivement entraine une cécité. Sur le plan génétique, cinq gènes USH1 différents ont été identifiés.
  • Le syndrome de Usher de type 2 (USH2) : Avec environ 60 % des cas Usher, c’est la forme la plus fréquente. La déficience auditive chez les patients USH2 est congénitale, modérée à sévère, notamment pour la perception des sons aigus. L’équilibre chez les patients est normal. La rétinite pigmentaire est généralement diagnostiquée entre 10 et 40 ans. Sur le plan génétique, 3 gènes USH2 ont été identifiés.
  • Le syndrome de Usher de type 3 (USH3) :  Le type 3 est très rare et n’est pas aussi bien défini que les 2 précédents. La déficience auditive survient généralement avant l’âge de 30 ans et progresse à des vitesses variables. L’atteinte de l’équilibre est fréquente, et le début de la rétinite pigmentaire survient en général à l’adolescence. A ce jour, seul un gène USH3 a été clairement identifié.
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Où en est la recherche sur cette maladie ? Quelles orientations donnez-vous dans votre laboratoire ?

Au travers de l’étude des gènes Usher déjà identifiés, les propriétés des protéines pour lesquels ils codent, l’identification de leurs partenaires clés, en passant par la caractérisation des modèles Usher correspondants, des avancées majeures ont été réalisées. Un dépistage précoce peut notamment être effectué grâce à la mise en place de tests de diagnostic génétique. Au laboratoire, nous disposons de modèles Usher précliniques, conventionnels ou humanisés, pour différents gènes et différents types de mutations. Nos efforts actuels se concentrent sur deux objectifs majeurs :

  • Établir les mécanismes précis sous-tendant l’expression précoce de la maladie et définir les étapes critiques à l’origine de la survenue des pertes de l’audition, parfois de l’équilibre et des atteintes visuelles. Ces connaissances seront nécessaires pour mieux comprendre la diversité phénotypique entre patients (variations d’âge de début, de degrés de progression et sévérité) afin de mieux informer sur la maladie et son suivi et préparer de meilleurs traitements, efficacement adaptés à chaque forme du syndrome de Usher.
  • En se basant sur les processus pathogéniques découverts, notre ambition est également de concevoir, tester et évaluer, dans des modèles Usher pré-cliniques, des thérapies potentielles pour prévenir et/ou retarder la survenue de l’atteinte auditive, vestibulaire et/ou visuelle.
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En résumé

La stratégie thérapeutique adoptée peut être différente, selon la forme du syndrome de Usher, du stade de la maladie (avant ou après l’apparition des premiers symptômes) et devra aussi être adaptée, selon la taille du gène impliqué, et la nature de la mutation (la variation génétique) à l’origine de la pathologie.

Beaucoup d’espoir repose sur la thérapie génique en raison des résultats prometteurs obtenus chez les modèles pré-cliniques Usher et du succès récent de ce type de thérapie pour les dystrophies rétiniennes héréditaires, comme l’amaurose congénitale de Leber. Plusieurs approches basées sur le remplacement de gène entier, ou sur la correction de la mutation directement au sein du génome ou sur l’ARN messager, sont en cours d’exploration. L’objectif est d’apporter la preuve de leur efficacité in vivo (sur organisme entier), et prouver la sécurité de leur utilisation avant un futur transfert en clinique.

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